La notion de paysage est ici examinée comme une catégorie symbolique et construite, dont l'origine ontologique et naturelle se révèle être une illusion. Dans la perspective d'Anne Cauquelin, dans L'Invention du Paysage, il est avancé que le paysage ne préexiste pas aux médiations culturelles et historiques, mais constitue plutôt une forme représentative façonnée par des artifices techniques et mentaux. Cette construction argumentative implique une rupture avec la conception classique de la phýsis, où la nature était envisagée comme une substance autonome, immédiate et indépendante. Loin d’être une expression naturelle, l’analyse positionne le paysage comme un artefact culturel, structuré à partir d’un agencement visuel et discursif qui intègre des éléments historiques, sociaux et économiques. La métaphore allégorique du jardin clos, synthèse emblématique de la domestication de la nature, reflète sa soumission aux logiques marchandes et culturelles, réaffirmant la puissance de sa fonction symbolique. Le paysage, par conséquent, transcende son apparence de contemplation, de simple expression d’un régime visuel ; il devient un véhicule de pouvoir, délimitant les territoires et [re]configurant les relations entre l’humain et l’espace. Entre le sacré et le profane, le naturel et l’artificiel, le paysage se manifeste comme une scène allégorique, légitimant discours et pratiques. Ainsi, il est à la fois signe et instrument d’une politique des lieux, où la construction de l’espace agit comme un reflet et un renforcement des structures de domination culturelle et historique, perpétuant un jeu de présence et d’absence, d’enchantement et de contrôle.
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